Déclaration Liminaire FNEC-FP FO 93 CDEN du 10/02/25

10 Fév 2025

Monsieur le Préfet, Madame la Directrice Académique, mesdames et messieurs membres du CDEN.

 

Ce CDEN se tient après une conférence de presse de Madame la Rectrice aux accents lunaires. Il y est évoqué un plein satisfecit, avec des moyens annoncés pour le remplacement grâce à la baisse démographique et la « baisse haussière » des dotations ministérielles.

D’un autre côté, il existe une face cachée à cette vitrine bien mise, les collègues, contraints de limiter leurs interventions face à la presse, au point d’hésiter à répondre dans les manifestations de peur de représailles. Ils ne tiendraient pas forcément le même discours enjoué.

Dans tous les départements, ce sont des centaines de classes qui sont fermées. On nous rétorquera que les moyennes sont excellentes et même permettent d’abonder la brigade de remplacement.

Pour poursuivre la métaphore, regardons les cratères dans le détail ou le détail des cratères :

Le remplacement :

80 postes créés, grâce aux fermetures. Fusion des brigades REP+ et ASH sur injonction ministérielle. Mutualisation, rationalisation… cela fait longtemps que le glissement lexical annonçait les intentions.

Dans les faits, cela annonce un détricotage de la formation en réseau d’éducation prioritaire. D’un remplacement stable pour les formations, souvent avec des enseignants chevronnés et habitués à la spécificité du poste, nous passerions à des formations ramassées en début ou en fin d’année, les retours d’expérience, la réflexion, tout cela passe bien après la rationalisation des moyens.

Par effet d’aubaine, on viendrait donc ainsi renforcer artificiellement le remplacement dont l’absence chronique devenait « un marronnier », dont la presse est pourtant toujours friande, avec une vieille habitude de l’Éducation Nationale, déshabiller Pierre pour habiller Paul.

 

Sur les fermetures de classes :

 

La baisse démographique permettrait d’assurer de bonnes moyennes par classe ? 100% des perdants ont tenté leur chance pourrait-on rétorquer. Des griefs de fâcheux ? Des empêcheurs de se satisfaire en rond ?

Les moyennes européennes ? Le classement PISA ? Les chiffres sont suivis à la lettre ou pas selon la gravité, selon la priorité. Quid du classement des enseignants les plus mal payés ? Quelle réforme va corriger cela ?

De plus en plus d’élèves en situation de handicap dans les classes, réussite ou pas ? Sans moyens, à marche forcée, où on passe des PIALS aux futurs PAS, acronymes rationnels de mutualisation, sans vouloir regarder la dégradation des conditions de travail des collègues et des conditions d’apprentissages de tous les élèves.

On mutualise les AESH qui prennent en charge jusqu’à 15 élèves différents par semaine, bientôt avec les PAS, ce sera l’Éducation Nationale qui déterminera les besoins des élèves en fonction de ses moyens. On ferme les établissements sociaux et médico-sociaux, on refuse un statut et un vrai salaire aux AESH, on enterre l’enseignement spécialisé en grande pompe. La pédagogie remplace les soins, les enseignants sont sommés de se transformer en thérapeutes. Le tour de passe-passe est consommé !

La DSDEN a son équation, mais il manque des données et peut-être la plus importante et la plus méprisée, celle du terrain.

Les collègues, concentrés et attachés à la qualité de leur enseignement sont confrontés à une politique managériale qui génère énormément de souffrance au travail. On suspend à tour de bras, on culpabilise les collègues à coups d’évaluations nationales, d’écoles ou encore spécifique des directeurs. On pilote, on manage, on est efficients.

Mais en même temps, on demande aux collègues d’être enseignants spécialisés, les derniers rescapés deviendront bientôt « pôle ressource », de réussir l’inclusion avec un saupoudrage d’AESH au nom de la mutualisation, de subir les pannes de chauffage et de serrer les dents au prétexte qu’il n’y a pas de texte, d’accepter de ne pas bénéficier des visites médicales de la médecine du travail comme dans le reste de la fonction publique, de rester dans le département faute de réelle mobilité, de trembler pour une autorisation d’absence pour un rdv médical ou un décès, de « relativiser » et de se taire quand ils sont agressés, diffamés, insultés, menacés ou  encore visés par des plaintes presque toujours classées sans suites etc.

Finalement, dans le Satisfecit annoncé, il manque une inconnue de l’équation, le R de réalité.

Pour La FNEC-FP F0 93, avec sa confédération Force Ouvrière, nous continuerons à mener la bagarre car il y a urgence à s’opposer à la mise en place de la destruction progressive de l’école publique.

Nous continuerons à batailler pour des ouvertures de classes, d’options, de demi-groupes, des créations de postes dans toutes les catégories de personnels, une augmentation générale des salaires, une abrogation des contre-réformes, à commencer par l’instauration des groupes de niveaux pour défendre nos conditions de travail !

  •  L’abrogation des décrets et arrêtés du 15 mars sur le « choc des savoirs » ;
  • La valorisation du point d’indice des personnels sans Pacte et sans contreparties ;
  • Création de tous les postes nécessaires, aucune fermeture de classes ;
  • Rétablissement de l’intégralité des pôles médicaux sociaux dans tous les établissements et renforcement des effectifs si besoin.
  • Non à la fusion des différentes Brigades Départementales

 

C’est également dans ce sens que la FNEC-FP F0 93 a été pleinement présente dans la préparation et la mobilisation nationale des AESH le 16 janvier sur leurs revendications :

  • retrait de l’acte 2 de l’école inclusive, création de tous les ESMS nécessaires.
  • la création d’un corps de fonctionnaire de catégorie B dans la Fonction publique d’État, pour reconnaître le métier d’AESH ;
  • un vrai Statut, un vrai Salaire ;
  • un temps plein pour 24h hebdomadaires ;
  • l’abandon des PIAL, des PAS et de la politique de mutualisation des moyens ;
  • un recrutement d’AESH à hauteur des besoins définis par les écoles, collèges et lycées ;

 

La FNEC-FP F0 93 réaffirme son opposition à la réforme des retraites et demande son Abrogation avec le retour à la retraite à 60 ans !